retour Accueil Laiterie de Leudon Maison-Rouge

L’histoire de la laiterie de Leudon commence entre 1882 et 1885 à Sognolles-en-Montois. A cette époque, la société “ Albert Jonot ”, laitier en gros à Paris, achète des bâtiments et terrains pour y installer une laiterie.

Avant de continuer, il faut rappeler qu’à cette époque Paris est une ville qui s’agrandit et qui ne produit plus son lait dans les fermes des villages environnants (Vanves, Vaugirard,...). Pour les besoins de la consommation, le lait est ramassé dans les régions d’élevages et transporté très rapidement sur Paris : en voiture à cheval avant 1850, ce qui oblige à des régions de productions situées à moins de 40 kilomètres de la capitale ; par chemin de fer, après le développement du réseau ferré (après 1850). Ce transport rapide est imposé par la nature même du produit qui n’est à l’époque pas traité (la pasteurisation n’existe pas encore)...

Le métier de Laitier en gros consiste à recevoir de laiteries éloignées (partenaires ou de ses propres laiteries) le lait et les produits dérivés (crème, beurre, fromage…) et à les distribuer dans Paris aux crèmeries (les fameux Beurres, Oeufs, Fromages), partenaires ou indépendantes, ainsi qu'aux grands consommateurs (écoles, casernes…).

Albert Jonot est le fils d’un laitier en gros (Eugène Jonot), directeur de plusieurs établissements. Il est originaire de Seine-et-Oise (actuelles Yvelines) et est âgé de 24 ans. Cette prédisposition au métier de laitier est venue de son père et de son oncle. Les enfants de son oncle et d’autres cousins deviendront aussi tous laitiers (voir saga Jonot).

Sans doute aidé par les conseils de son père, il crée sa propre société et cherche à s’imposer dans le métier. La concurrence est rude et il cherche de nouveaux lieux de production. Rien ne me permet de dire aujourd’hui si la société était propriétaire d’autres laiteries à cette époque.

Pour implanter une laiterie il faut réunir plusieurs critères :

Pourquoi ce choix de Sognolles : il n’existe probablement pas d’autres laiteries importantes à cette époque dans la région, la production du veau et donc du lait s’est déplacée vers la Brie, il y a la proximité d’une ligne de chemin de fer (ligne de l'Est : Noisy, Nogent-sur-Marne, Nangis, Maison-Rouge, Flamboin...). Reste à trouver de l’eau, c’est ce qui est fait en achetant une source située dans les bois. Ce cours d’eau porte le nom de “ ru d’Albert “ : coïncidence ?

Ce point d’eau est particulièrement important. En 1904 le conseil municipal (alors en fin de mandat) remercie Albert Jonot d'avoir permis, depuis 8 ans, l’utilisation de cette source pour alimenter le lavoir de Longuignot. Celle ci sera d’ailleurs revendue à la commune en 1922.

Sognolles © photo Lucien V.
Ancienne laiterie de Sognolles
© photo Lucien V. (2008)
La société achète une maison située au “ Bout d’en Bas ”, quartier à l’est de Sognolles, non loin de cette fontaine. C’est là que débutera l’activité de la laiterie. La grange abrite les chevaux, les charrettes. Il est probable qu’on emmène les pots à la fontaine où se trouve un lavoir plutôt que l’on fasse venir l’eau à la laiterie. Le chef du dépôt et les ouvriers sont logés sur place. Un valet d’écurie dort dans la grange au-dessus des chevaux.

En 1887, Albert Jonot s’associe avec son beau-frère : Auguste Cayron. La société devient “  A. Jonot et Cayron ” et continue à agrandir la laiterie par l’achat de terrains. Il est fort probable que la société utilise comme marque le nom de “ Laiterie des Fermiers de la Brie ”.

Vers 1900, la société achète à M. de Séjourné, pour le compte d’Albert Jonot, la ferme de Cermuise et la maison de maître voisine, le “ chalet ” de la Madeleine, situées à Rampillon. Il en fera sa résidence de campagne et confiera l’exploitation de la ferme (175ha) à un régisseur. Il sera aussi propriétaire de la ferme de la Laiguerie (Lèguerie) située non loin de là.

A quoi correspond cet achat : a un gros producteur qui risque de partir à la concurrence ? Au contraire a reprendre le fournisseur d’un concurrent ? A un développement de l’activité en devenant Producteur ? A une opportunité financière ? Difficile à dire aujourd’hui…

La proximité de cette demeure ne veut pas dire que c’est lui qui s’occupe de la laiterie. Il est Directeur de la société et habite Paris, non loin de la gare de l’Est. Il joue un rôle important à Paris : en plus de son travail de directeur, il est Président de la Chambre Syndicale des Laitiers en Gros, promu “ Officier de la Légion d’Honneur ”.

Entre 1900 et 1905, Albert Jonot fait venir un de ses cousin germain, Louis Duvernay, qui était laitier dans la Marne près d’Esternay. Travaillait-il déjà pour la société Albert Jonot ? C’est très possible, toujours est-il qu’il prend la direction de la laiterie de Sognolles.

Carte postale ancienne
Laiterie de Leudon Maison-Rouge (carte postale expédiée en 1911)
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© collections particuliers
Peu de temps après, la laiterie est transférée près de la gare de Leudon Maison-Rouge (à Leudon). D’après des sources locales, elle aurait d’abord été installée à la Tablotte (hameau situé entre Leudon et Landoy) avant de s’installer à l’emplacement qu’elle occupera jusqu’à la fin. Il est possible aussi qu'à un moment il y ait eu 2 laiteries simultanément.

Ce déménagement correspond-il à un déplacement des lieux de Production, notamment avec l’acquisition de la ferme de Cermuise ? A se rapprocher du chemin de fer ? A t’il été rendu possible par des forages d’eau dans le voisinage ? A un agrandissement de la laiterie devenue exiguë à Sognolles ?

L’ancienne laiterie de Sognolles continue à héberger la famille Duvernay et les employés sont logés dans la nouvelle. Albert Jonot revendra les anciens bâtiments à son cousin en 1920, 2 ans avant de vendre la source à la commune.

Le père Duvernay effectue les tournées de ramassage dans les villages alentours.

Vers 1912, les laiteries de la société “ Jonot & Cayron ” rejoindront la société “ Laiterie des Fermiers Réunis ” qui deviendra plus tard la “ Société Anonyme des Fermiers Réunis ” qui existe encore au sein du groupe “ BEL ”. Le gendre d’Albert Jonot, Léon Castanier, Chevalier de la Légion d’Honneur, sera Président du Conseil d’Administration de cette société. Ce dernier avait aussi repris la maison de campagne située à la Madeleine. Cette branche de ma famille ne compte aujourd’hui plus de descendants.

La laiterie de Leudon/Maison-Rouge s’adapte aux techniques de traitement du lait qui évoluent. Elle s’agrandit et emploie jusqu'à une vingtaine d’ouvriers, dont certains sont logés par la société entre Leudon et Maison-Rouge.

Tous les matins, jusque vers 1935, un wagon de lait*1 part de la gare. Au début le lait va directement aux dépôts parisiens, plus tard il rejoint une autre laiterie du groupe vers Nogent-sur-Marne où il est conditionné et mis en bouteilles. Plus tard ce sont sans doute les camions qui prendront le relais.

L’activité de cette laiterie, probablement déjà en déclins, s’arrêtera vers 1939 faute de main d’œuvres suite à la mobilisation.

Les locaux seront réutilisés par une coopérative agricole qui s’y trouve encore. La gare est fermée, puis démolie (voir sur le site de Maison-Rouge-en-Brie).

Il existe aujourd'hui un établissement, “ la fromagerie fermière de Juchy ” à Lizines, qui produit traditionnellement du fromage de Brie fermier, mais sans aucun rapport avec les anciennes laiteries.

Cette page ne se veut pas un récit précis de l’histoire de cette laiterie, elle est née du récit d’anciens de la région, de recherches réalisées par les propriétaires de l'ancienne laiterie de Sognolles (membres de l’Association “ Quelques-uns et + ”) et de recherches personnelles. Elle évoluera en fonction des recherches qui continuent… Tous documents destinés à l’enrichir sont les bienvenus.

*1 : contrairement a ce que pensent certaines personnes, le transport du lait par chemin de fer ne se faisait pas en wagon citerne, mais en wagon fermé. Un wagon du réseau de l'Ouest de cette époque est d'ailleurs protégé au titre des Monuments Historiques (voir son plan d'époque).

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