retour Accueil Historique du Moulin du Roy

Le moulin a sans doute été construit à la fin du Xe siècle ou au début du XIe siècle, probablement sur les ruines d'un moulin plus ancien détruit lors du siège de Melun par Robert le Pieux contre Eudes 1er qui avait investi la ville. D'après un certain nombre d'historien, le moulin reconstruit resta dénommé “ Moulin du Roy ” en souvenir du “ Bon Roi Robert ” et de son séjour à Melun. Je n'ai pas trouvé plus d'explications sur cette version, j'en donnerais une autre plus simple : Melun était une Ville Royale, le moulin dépendait du domaine royal. Il figure par exemple, avec le moulin Poignet (Melun), dans la vente que fit Henri IV à M. de La Grange, gouverneur de Melun, le 7 décembre 1594. La cause de son nom ne serait-elle pas tout simplement là ? Il était Le Moulin du Roi !
Moulin banal (voir explication) il aurait été, jusqu'à la fin du XVIIe siècle, le seul des trois à moudre du blé pour faire de la farine. On retrouve autour du village d'autres noms de lieux liés au Roi ou à la banalité : le Pré du Roi, le Climat du Four à Ban...
Une chose semble acquise, le nom de Trois-Moulins est présent dans des textes datant d'environ 1000 ans. Par contre rien ne prouve que ce moulin n'a pas été détruit (incendies, guerres...) et reconstruit plusieurs fois.

Moulin du Roy vers 1920 © archives Jonot
Vue d'ensemble du Moulin du Roy vers 1920 © archives Jonot

D'après les descriptifs de 1833 et 1870, l'ensemble des bâtiments était sans doute très proche de cette photo de 1920.
On retrouve en façade 2 parties distinctes : la partie la plus haute (à gauche) contient toute la partie moulin proprement dites (en bas l'arbre de la roue, au 1er étage les 2 paires de meules et dans les étages toutes les machineries et courroies) ; la partie la plus basse (à droite) est l'habitation. De chaque côté se trouvent des bâtiments annexes.
L'entrée du blé se faisait sans doute sur le devant du moulin (cour commune). Un espace pavé a été retrouvé sous la lucarne. Il y avait sûrement un treuil permettant de monter les sacs au dernier étage. La mise en sac se faisait peut-être sous l'appentis à gauche, une trémie existait encore il y a peu dans cette direction. On peut supposer les sacs entreposés sur le plancher du premier étage de cet appentis avant d'être chargé dans les charrettes, reculés en dessous.
Derrière, une cour close contient divers bâtiments dont le plus important est la grange (dont on aperçoit le toit au dessus des arbres sur la droite de la photo). Cet ensemble permet le rangement des voitures (charrettes), l'écurie pour les chevaux ou les mulets, un toit pour l'élevage des porcs, poulaillers, jardin et pré derrière en font une véritable exploitation agricole autonome. Le tout, entouré de murs et protégés par des barreaux, en fait une véritable forteresse.

André CORBERY (1980)
Tableau représentant la grange avant transformation
© oeuvre originale d'André Corbery (1980)
La grange est sans doute le bâtiment le plus important après le moulin. Sur le plan de 1729 elle est juste mentionnée (comme l'habitation du moulin et le pré), sur les plans plus récents elle me pose un problème : dans le descriptif il est question d'une grange a 3 travées, la grange actuelle fait bien 3 travées (2 poutres maîtresses) et est appareillée en grosses pierres de grès, sa construction semble très ancienne. Pourtant sur les plans de 1787 et de 1826 elle n'est pas orientée comme aujourd'hui : erreur de dessin ? Autre bâtiment disparu depuis ?
Sur le tableau, dessiné depuis la cour, on distingue les différentes parties du bâtiment : l'avancée à gauche abritait les cochons, près de la fosse à fumier ; la porte monumentale permettait d'accéder à gauche à l'écurie et à droite à la remise ; un grenier couvrait le tout pour le stockage du foin nécessaire aux bêtes. Un petit bâtiment (à droite de la porte) abritait 2 poulaillers.
Cette grange servait-elle à stocker du grain ou de la farine ? Aujourd'hui elle a été transformée en habitation et des ouvertures supplémentaires ont été ouvertes.


chute d'eau
Rare vue de la chute à découvert
lors de travaux de restauration
© archives Jonot
Pour faire tourner le moulin, le Ru du jard en provenance de Voisenon et Rubelles, a été détourné sur plusieurs centaines de mètres. Il arrive derrière le moulin pratiquement à la hauteur du plancher du premier étage, la chute se trouvait sous l'appentis de gauche. La roue faisait à peu près 4 mètres de diamètre. Après avoir passé l'emplacement de la roue, le Ru continue en souterrain jusqu'au pont de la route principale. Un canal de décharge, permettant d'écouler les surplus d'eau ou d'arrêter la roue, suivait le mur de clôture actuel. Depuis, celui-ci a été enterré dans des tuyaux métalliques rejoignant le cours enterré. La partie entre le cours du Ru et le canal de décharge était appelé “ Ile ”. Après l'arrêt du moulin, la roue a fini par devenir un tas de ferrailles et de bois au fond de la chute.
De cette roue, il reste encore les moyeux en fonte, ainsi qu'un croisillon en fonte servant de palier. Ces pièces donnent une idée de ce que devait être la taille de la roue, de l'arbre de transmission (en bois), des rayons de la roue.
Toute la mécanique du moulin a été démontée ou démolie lors de travaux de réfection des bâtiments (vers 1932). D'après le récit de René Jonot et de recherches récentes, une partie des matériaux a été enterrée sous le sol de la pièce du bas du moulin. C'est ainsi qu'on l'on a pu dégager de gros blocs de grès servant à soutenir les paliers de la roue, ainsi que l'emplacement de l'engrenage entraînant les axes des meules. Pour le reste de la mécanique, il faut se contenter d'imaginer à partir de trous dans les poutres ou d'ouvertures dans les planchers. Il ne reste que peu de traces visibles.


Je n'ai que peu d'informations sur les meuniers. On retrouve la liste des derniers propriétaires (propriétaire ne veut pas dire meuniers) dans les actes de propriétés :
“ Acquis de sa majesté ” par “ Sieur et Dame Richard de Pichon ” le 19 septembre 1778.
Propriété de “ Sieur et Dame Bureau ” le 22 avril 1785.
“ Moulin de Trois-Moulins à Rubelles, moulin farinier (à eau) de M. BUREAU l'aîné, en l'an X ” (*1)
Il devient la propriété des héritiers “ Bureau ” (Auboin, Michault, Verjus) en octobre 1809.
Il est adjugé à Jean Nicolas Fouré de Jutigny le 28 janvier 1833 (voir descriptif). On note que le 1er janvier 1833 le sieur Manginot (meunier) signe un bail de 9 ans.
Un bail est signé avec Henri Honoré Brillard (meunier) le 9 juin 1859.
Il est vendu à Michel Henri Brillard (sans doute le meunier) en octobre 1870 (voir descriptif). Il reste la propriété de la famille Brillard jusqu'à la vente par Mme Frot (fille Brillard) à Mme Veuve Jonot le 13 janvier 1921. Le dernier meunier a sans doute été Michel Henri Brillard.
Il a sans doute cessé définitivement de moudre vers 1885 (en tout cas entre 1870 et 1889). On peut imaginer que la concurrence devenait rude avec la mécanisation. Les moulins qui ont survécut ont été obligés d'augmenter leur force motrice par des artifices (augmenter la hauteur de chute pour le moulin du bas, installation de moteurs à vapeur, à gaz pauvre ou électriques) pour augmenter leur productivité... Le meunier était peut être âgé et sans successeur, on peut imaginer que la clientèle du moulin a été reprise par les Moulins de Melun (dont la guerre commerciale était assez forte). Ce ne sont que des suppositions car je n'ai aucun document sur cette époque.

En 1889, sans doute intéressés par les nombreux bâtiments, les frères Mollereau louent le moulin et créent la “ Grande laiterie de Trois-Moulins ”. C'est le début d'une seconde vie qui durera plus de 70 ans.

Les bâtiments ont subis plusieurs transformations depuis :

Le moulin est devenu, comme beaucoup d'autres, un lieu d'habitation agréable avec la proximité du cours d'eau, de la verdure (pré, jardin, bois) et la surface des bâtiments et des terrains.

(*1) “ État des moulins à farine de Seine-et-Marne en l'an X ” (A.N. F20 294) paru dans le bulletin Nº31 du C.G.H.S.M.

Suite vers : Laiterie de Trois-Moulins

retour Sommaire

mise à jour le