Statue du Saint déposée au Musée de la Vicomté © archives Mercey

Au début du VII^e siècle, Fiacre, un moine irlandais, débarque en France. Il s'arrête à Meaux, situé sur une route gallo-romaine fréquentée par les pèlerins anglais et irlandais se rendant à Rome. Il obtint de l'Évêque Saint Faron la concession d'un lieu appelé Breuil (devenu aujourd'hui Saint Fiacre en Brie) où il installe un ermitage. Ce lieu devint trop petit pour accueillir les nombreux pèlerins attirés par sa réputation de charité et de sainteté. Saint Faron lui permit d'agrandir son domaine suivant une coutume de l'époque qui lui accordait toute la terre qu'il s'avérerait capable de défricher et d'entourer de fossés en une journée. Fiacre, aidé d'un bâton (ou d'une bêche suivant les récits), n'eut qu'à marcher pour voir les arbres tomber, et les fossés se creuser autour de lui. Il obtint un terrain suffisamment vaste pour y créer, comme la légende le veut, “ un jardin merveilleux où croissaient sans peine, sur une terre bien bêchée, légumes, fleurs, fruits, arbustes ornementaux suscitant l'admiration des jardiniers,… ”. Accusé de sorcellerie par une femme du pays, “ la Becquenaude ”, Saint Faron se déplaça. Fiacre, la tête entre les mains, s'assit sur une pierre et nouveau miracle, la pierre dessina l'empreinte du corps de l'ermite. L'évêque reconnut l'intervention divine et rendit son jugement en faveur de l'Irlandais. Celui ci poursuivit son existence de prière et de charité en créant un hôpital accueillant les pauvres.
C'est vers 670, un 30 août, que s'éteint Saint Fiacre.
Louis XI fit fabriquer une châsse, qui se trouve à la cathédrale de Meaux, pour enfermer les reliques de Saint Fiacre.
Les horticulteurs, jardiniers, maraîchers, en ont fait leur saint patron et fêtent pieusement l'anniversaire de sa mort (vers le 30 août). Sorte de syndicat professionnel, avant l'heure, dans la région on retrouvait plusieurs Confrérie de Saint Fiacre : Melun, Seine-Port/Saint-Fargeau, Avon/Fontainebleau, Nemours... Aujourd'hui, les villes d'Avon, Nemours et Seine-Port ont renouées avec la tradition, en y associant les jardiniers amateurs.
A Melun, cette tradition s'est éteinte en 1971 et les attributs ont été déposés au Musée en 1981. La verrons-nous renaître un jour ? (voir l'appel à témoignage en bas de page)

L'insigne reprenait les instruments principaux de la profession : l'arrosoir, la bêche, le râteau (en bois). Dans certains cas ces outils sont entourés d'une couronne de feuillages et de fruits.

Statue en bois du Saint entourée de bouquets de fleurs vers 1950 © archives Varlet

L'origine de la Confrérie est très ancienne ; ses statuts datent eux de 1865. Le dimanche de la fête du saint patron, une messe est célébrée en son honneur, une année sur deux à l'église Notre-Dame ou à celle de Saint-Aspais pour contenter les membres de Melun nord et de Melun sud.
C'est l'occasion de sortir la bannière du saint, décorée des médailles gagnées lors de concours entre confréries, et la statue en bois de Saint Fiacre. A la sortie de la cérémonie, les membres distribuent le pain béni (brioches tranchées). Ensuite, en procession à travers les rues de la ville, les membres portent ces parts de brioche bénites aux membres d'honneur (Préfet, Maire,…). La cérémonie se terminait par un banquet.

Photo de groupe lors d'une sortie vers 1930 © archives Varlet

En dehors de cette cérémonie, les membres élisent leur président qui détiendra précieusement les attributs de la confrérie. Pendant l'exode de 1940 mon arrière-grand-père (au centre sur la photo), Président à cette époque, enterra les médailles au fond de son jardin, sous la cuve, pour les protéger. La confrérie organise aussi des voyages : visite de la cathédrale de Meaux (où sont détenues les reliques du saint),...

En 1981 la bannière, les médailles et la statue, furent déposées solennellement au musée de la Vicomté de Melun. Dans une lettre adressée au président, le conservateur indique que la Confrérie pourra continuer à s'en servir pour des cérémonies.

Insigne en page de couverture des statuts © archives Varlet

Statuts Melun, le 26 Mai 1865,
Art 1^er Une Confrérie de Saint Fiacre est fondée dans la ville de Melun, sous la bienveillance de Monsieur le Préfet, et sous le patronage de Monsieur le Maire de cette ville.
Art 2 La Confrérie se compose de membres titulaires et de membres honoraires : le nombre de ces différents membres est illimité.
Art 3 La circonscription de la Confrérie comprend : Melun, Vaux le Pénil, Maincy, Rubelles, Voisenon, le Mée, Dammarie et la Rochette. Tous les autres membres, hors de cette région, seront considérés comme membres honoraires.
Art 4 La Confrérie est administrée par un bureau composé de Présidents d'honneur, d'un Président titulaire, de deux vices Président, d'un Secrétaire et d'un Trésorier ; cinq commissaires sont adjoints au bureau.
Art 5 Les membres du bureau sont élus pour trois ans et sont rééligibles ; les Commissaires sont élus pour un an et sont rééligibles.
Art 6 Les élections, qui auront toujours lieu au scrutin secret et à la majorité absolue des membres présents, se feront dans le trimestre qui précédera la fête de Saint Fiacre. La convocation pour l'élection du bureau sera toujours faite dix jours à l'avance. Chacun des sociétaires appelé à donner son vote doit comprendre l'importance de sa présence à cette réunion.
Art 7 A la séance qui précèdera la fête de Saint Fiacre, il sera nommé chaque année une commission pour l'organisation et les détails de la cérémonie.
Art 8 Pour être reçu membre titulaire il faut être de la circonscription et être présenté par deux autres titulaires ou honoraires.
Art 9 Tout membre titulaire devra, au moment de son admission, verser à la caisse de la Confrérie la somme d'un franc.
Art 10 La cotisation annuelle est fixée à cinq francs elle pourra se payer par trimestre.

Insigne de la confrérie porté à la boutonnière © archives Varlet

Art 11 Tout membre titulaire qui n'aura pas donné sa démission dans le trimestre qui précèdera la fête de Saint Fiacre devra sa cotisation pour l'année suivante.
Art 12 Les recouvrements de cotisation seront effectués par les commissaires et versés dans la caisse du trésorier. Les garçons jardiniers qui voudront prendre part à la fête de Saint Fiacre, devront, à la séance de Juillet, verser entre les mains du trésorier ou de l'un des Commissaires de la fête, une contribution de deux francs cinquante centimes.
Art 13 Le Trésorier rendra compte de sa gestion tous les ans à la séance d'octobre.
Art 14 Les réunions trimestrielles sont fixées au troisième dimanche d'octobre, de janvier, d'avril et de juillet.
Art 15 Toute discussion sur des objets étrangers au but de la Confrérie sont absolument interdite.
Art 16 En cas de décès d'un membre titulaire de la Confrérie, la bannière de Saint Fiacre sera accompagnée d'une députation de quinze membres au moins qui seront convoqués à cet effet par le Secrétaire. Les autres membres seront aussi invités à assister au convoi.
Art 17 Les présents statuts seront soumis à l'approbation de l'autorité supérieure. Il ne pourra y être apporté de changements ou de modifications qu'en assemblée générale, convoquée à cet effet et composée des deux tiers au moins des membres titulaires.

Le Président	Le Secrétaire	Le Trésorier
Huré	Billou	Blot

Appel à témoignages : nous lançons un appel à témoignages de l'activité de cette confrérie. Si vous avez des documents, photos, témoignages, objets, en rapport avec la Saint Fiacre de Melun, prévenez-moi (luciendes3m[at]laposte.net), je transmettrais pour l'organisation d'un évènement autour de cette tradition.

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