retour Accueil l'Ancueil : le Ru de Varvanne

Cette partie décrit le ru de Varvanne jusqu'à ce qu'il rejoigne l'Ancueil, de Champeaux à Saint-Méry.


Champeaux

Ile-de-France - Département Seine-et-Marne - Canton Mormant - Code postal 77720 (Insee 77082)
Population (1999) 804 habitants (les Campéliens) - Altitude 100 m - Superficie 1305 ha

Communauté de communes de La Brie Centrale

Gravure
gravure représentant la Collégiale de Champeaux (*1)
à comparer avec une carte postale du début du 20e siècle.
Siège d'une abbaye fondée, selon la légende, par sainte Fare, fondatrice de Faremoutiers, et qui existait peut-être dès le 7ème. Vers 1065, elle fut transformée en collégiale dédiée à saint Martin, et fut richement dotée. Supprimée à la Révolution, elle formait une enclave du diocèse de Paris dans celui de Sens. L'église fut endommagée par les troupes de Condé au cours de la Fronde. Patrie du philosophe scolastique Guillaume de Champeaux, maître d'Abélard. Ben Bella y a été interné, au château d'Aunoy.
En 1785 l'abbé Goudemetz écrit : “ Champeaux est à onze lieux de Paris, vers le sud-est, et à près de trois lieues nord-est de Melun. Il est situé dans la Brie, au milieu d'une plaine vaste qui le laisse apercevoir de très loin. On a le choix d'y arriver par eau ou par terre ; par eau en venant par Melun, par terre en prenant la route de Brie-Comte-Robert.
Champeaux est dans l'élection de Melun et hors la prévôté et vicomté de Paris. Le chapitre de Champeaux dépend immédiatement du siège de Paris. M l'archevêque nomme à toutes les prébendes ; c'est à lui seul qu'il appartient de faire des règlements qui aient force de loi.
Dans un des panneaux de la chapelle Saint-Pierre sont sept églises qu'on présume être les sept paroisses qui dépendent du chapitre, savoir : Champeaux, Fouju, Saint-Méry, Andrezelles, L'étang, Quiers et La Chapelle-Gauthier.
La première chose qu'on jette à la tête des curieux, c'est la célèbre fontaine de Varvanne. On prétend que Louis XIV, admirateur de tout ce qui était grand, vint à Champeaux pour voir cette merveille et qu'il logea dans la maison du chantre. Quoi qu'il en soit, rien n'est plus admirable qu'une fontaine en rase campagne qui fait tourner à sa source un moulin et quatre autres dans l'étendue d'une petite demi-lieue. On fait remonter à l'an 1458 cette riche découverte faite par un nommé Jean l'aumônier. Le temps, qui tout consume, ayant détérioré ce bel ouvrage, les chanoines de Champeaux, seigneurs de la fontaine de Varvanne et autre lieux, firent marché en 1662 avec un fontainier pour la remettre en état.
On peut aller considérer à Malvoisine [note de l'éditeur : il y avait à Malvoisine, paroisse de Champeaux, une ferme qui apparteneit du temps de l'abbé Goudemetz - auteur de ce mémoire - à Mme Le jarial de Forges, née Nivelle, veuve d'un chevalier de Saint-Louis, chambellan du feu roi de Pologne.] une nouvelle invention de moulin à blé qui n'a pas besoin, pour tourner, ni du secours du vent ni du secours de l'eau : le rouage, qui est en fer, est manœuvré par des chevaux. ”
(*1)
En 1829, on écrit : “ La fontaine de Varvannes est si abondante qu'elle fait moudre un moulin à sa source, et dans son cours trois autres qui étaient au chapitre de Champeaux ; et un qui appartenait au chapitre de St-Marcel de Paris. Deux de ces moulins sont sur la commune de Blandy. En 1458, jean l'Aumonier fit faire l'étang de Varvannes. ” (*3)
Dans une généalogie amie on trouve Louis TRIBOULOT (parrain de Geneviève Defoy fille du meunier du Moulin de Ville de St-Méry), meunier à Varvannes en 1750, fils de défunt Louis TRIBOULOT. A noter aussi que sur Saint-Méry on trouve Louis TRIBOULEAU meunier en 1711 : même famille ? Père et fils ?
Carte postale ancienne
carte postale ancienne : moulin de Champeaux [Chaunoy]
© collections particuliers
en plaçant le curseur sur l'image, comparer avec la vue contemporaine
D'après le site Internet de la commune de Champeaux : le Moulin de Varvannes figure sur un plan des dîmes de Champeaux, daté du 15e siècle. De 1652, date des premiers registres paroissiaux, à au moins 1867, il a été exploité. Une succursale de la “ Laiterie Centrale ” y était établie fin 1860, jusqu'au moins en 1874.
En 1889, il existait toujours, et était équipé d'une paire de meules. Son propriétaire était Louis André Basset, demeurant à Pecqueux. Ce moulin est dit en ruine dès 1903.
“ Moulin de Varvannes, moulin farinier (à eau) de M. Luquet ; Moulin de Chaunoy, moulin farinier (à vent) de M. Bourgoin, en l'an X ” (*2)
“ Chaunoy ou Chaulnoy [voir le texte à la fin du chapitre sur St-Méry] était une petite seigneurie un peu plus éloignée du bourg, et située vers le midi.[...] Ce n'est plus qu'un moulin qui appartient au même propriétaire [M. de la Tour-Dupin-Montauban]. Le moulin de Varvannes [appartient] à M. Grandin. ” (*3)
En regardant les cartes d'état major, le Rû de la Prée parcourt la plaine briarde au nord-est de Champeaux. Le Rû de la Fontaine, provenant de la Ferme des Epoisses, le rejoint. C'est ce ruisseau (appelé aussi rû de Varvanne) qui faisait tourner le moulin de Varvanne.


Saint-Méry

Ile-de-France - Département Seine-et-Marne - Canton Mormant - Code postal 77720 (Insee 77426)
Population (1999) 366 habitants (les Médériciens) - Altitude 99 m - Superficie 994 ha

Communauté de communes de l'Yerres à l'Ancoeur

Alias Saint-Merry (Méry sous la révolution). Mentionné au XIIème, “ Medericus ”. Eglise à la collation du chapitre de Champeaux. Prieuré de Notre-Dame de Roiblay.
carte postale ancienne En 1829, on écrit : “Il y a [...] une fontaine [un ruisseau] de son nom [St-Méry ?] différente de Varvanne, qui en est peu éloignée, et dont le ruisseau passe le vallon qui est entre Champeaux et Saint-Méry.
A l'extrémité orientale de la commune de Saint-Méry, est le château dont M. Chabenat de Bonneuil était propriétaire, et qui appartient aujourd'hui à M. le comte de Choiseuil ; les fossés qui l'entourent en partie, remplis d'eau vive, sont alimentés par une source.
(à gauche, carte postale ancienne ; © collections particuliers).

On voit, dans les bosquets et les bois qui en dépendent, serpenter plusieurs ruisseaux, dont l'un nommé Varvanne, fait tourner un moulin près de sa source, appelé le moulin de Flagy et appartenant à M. Boulanger. Le moulin de Ville appartient à M. Martin, et celui de Voie à M. Pivert.
” (*3)
Carte postale ancienne
carte postale ancienne : moulin de Voie (Saint-Méry)
© collections particuliers
en plaçant le curseur sur l'image, comparer avec la vue contemporaine
Le Rû de la Prée (ou Rû de Varvannes) est rejoint par le Rû des Moines (venant du Nord de Bombon). Il faisait tourner le moulin de Voies avant d'entrer dans le village. Dans des actes familliaux on trouve Nicolas DIGUE meunier au moulin de Voye en 1689. En 1884, il est le dernier moulin à fonctionner avec comme propriétaire et meunier : M. Sellier. En 1902, il est cité comme “ une usine employée à la taille des pointes en acier pour les boutons (maison Calmus) ”. En 1913, il fabrique des perles. En 1920 il n'est plus cité dans la liste des activités de la commune. Il a peu changé depuis cette carte postale.
Dans le bourg, face aux lavoirs sur la route de Champeaux, se trouve l'ancien moulin de Ville. Dans ma généalogie on trouve : Marin VALLOIS est meunier au moulin de Ville en 1687 ; Son fils Pierre VALLOIS a pour parrain Nicolas DIGUE, le fils de Nicolas meunier au moulin de Voye ; la fille de Pierre, Marie Anne VALLOIS, a pour parrain Simon COBUL, fils de Simon COBUL meunier à Saint Méry, en 1743. Dans une généalogie amie, on trouve en plus Georges DEFOY, meunier au moulin de Ville en 1750. En 1902 on y fabrique des perles d'acier (maison Bordier frères). En 1913 cette fabrique est citée au moulin de Voie.
A la sortie de Saint-Méry, c'est le moulin de Flagy qui était entrainé par ce ruisseau. Dans d'autres actes on trouve : François MULET, meunier à Flagy, décédé en 1760 à 30 ans ; fils de Louis MULET meunier à St-Méry ; ainsi que Etienne DRIGNY, meunier à Flagy en 1764. Il n'y avait déjà plus de meunier en 1884. Un bief s'écarte du cours principal et arrive dans un petit étang au dessus du moulin de Chaunoy (aujourd'hui transformé en ferme). Cet endroit, près du château d'Aunoy est situé sur la commune de Champeaux [voir la fin du paragraphe Champeaux], à la limite de St-Méry et de Blandy. Une vanne permettait à l'eau de s'écouler pour faire tourner ce moulin et de rejoindre ensuite le cours principal du Rû. C'est entre ces 2 derniers moulins que ce ruisseau rejoint l'Ancoeur pour former l'Ancueil.
Sans précision sur le moulin, Adrien BELDAM (Belledent) est meunier à St-Méry en 1760.
D'après l'abbé Goudemetz : “ Dans un petit castel, aux vallées, vous trouverez une manufacture de papiers découpés pour les desserts, dont on fait des envois dans les pays étrangers.
Voyez dans le bois Saint-Martin, un atelier ambulant de faiseurs de sabots. Les promenades les plus agréables sont celles de la garenne de Saint-Méry, du bois de la Brosse et le long de la charmante vallée depuis la chapelle de Roiblet jusqu'à Blandy. C'est là qu'on voit dans la saison de riches coteaux chargés de pampres vertes et des points de vue uniques. Une variété aussi gracieuse à deux pas de Champeaux est un motif bien propre à faire goûter ce séjour. ”
(*1)
© Michel V.
chapelle de Roiblay en 1990 © Michel V.
Non loin de là, en pleine nature, se trouve une chapelle d'origine très ancienne : la chapelle de Roiblay (aujourd'hui sur la commune de Champeaux). L'éditeur du manuscrit de l'abbé Goudemetz nous indique : “ La chapelle Notre-Dame de Roiblay, près de Saint-Méry, était un ancien prieuré remontant au XIIe siècle, auquel M l'abbé Delaforge a consacré une monographie en 1863 (Melun, impr. Desrues, in-12 de 24p). ”
A l'intérieur de celle ci, une plaque nous rappelle son histoire :
“ On ignore l'époque de la fondation de Roiblay. C'était déjà un prieuré vers la fin du XIIème siècle.
En 1204, il fut réuni à celui des tréyans, paroisse de Bombon.
En 1207, Pierre de Corbeil, archevêque de Sens donna ce prieuré à l'abbaye du Jard, près de Melun. Il dépendit de cette abbaye jusqu'à la révolution.
Adam II, seigneur de Blandy qui avait en 1214 passé un accord avec les moines de St Martin des Champs à Paris, fit une donation au chanoine prêtre résidant à Roiblay, signé à Blandy et datée vers 1216.
Aremburge, veuve d'Adam II augmenta beaucoup la fondation de la chapelle en 1220, pour le repos de l'âme de son mari et de Guillaume II son fils.
Au cours des 13ème et 14ème siècles, le prieuré de Roiblay connut une certaine prospérité dues à diverses donations.
Roiblay est mentionné dans une transaction de 1350 entre Guillaume de Melun, nouvel archevêque de Sens et Guillaume du lys, abbé du Jard, au sujet du droit de procuration dû à l'archevêque pour que l'abbaye et les prieurés en dépendant, fussent exemptés de sa visite.
A partir de 1497, une première opposition se forma entre Antoine de Melun, le prieuré de Roiblay et Jean Piat, curé de Blandy, cette opposition fut suivie de plusieurs conflits de juridiction dans la paroisse dont dépendait la chapelle de Roiblay.
Nous voyons au XVIème siècle le prieuré de Roiblay tenu en ... par des prieurs non résidants et desservi par des prêtres ou des ermites.
On trouve dans les archives de Blandy un grand nombre de testaments de 1539 à 1600, où il est dit :
“ je laisse un sol à l'ermite de Roiblay afin qu'il prye pour moy ”.
Le pèlerinage était alors très florissant. En 1655, le souverain pontife Alexandre VII accorda une indulgence plénière à tous ceux et celles qui visiteraient la chapelle avec dévotion le jour de la nativité de la vierge. Au mois de mai 1689, la même faveur fut renouvelée et confirmée.
A partir de cette époque, on ne trouve plus de trace de conflit entre le prieuré de Roiblay et la paroisse de Blandy.
Dans les dernières années du XVIIème siècle et au cours du XVIIIème environ quinze arpents sur quarante, dont se composait le domaine du prieuré, furent partiellement donnés à rente.
En 1762, les vingt cinq arpents qui restaient furent vendus moyennant cent cinquante livres de rente et dix sols de cens, à Monsieur Gerbier, écuyer, seigneur d'Aunoy (Champeaux). Les bâtiments du prieuré étaient en si mauvais état, que les religieux du jard réservèrent seulement la chapelle avec six pieds de pourtour.
L'acquéreur s'engagea à planter en bois dix huit arpents autour de la chapelle et d'en faire les réparations locatives. Depuis le service du prieuré fut assez négligé, en 1788 la chapelle elle-même était tombée dans un état de dégradation complète et inquiétante pour la sûreté des pèlerins.
En 1789, la Révolution saisissait les biens des communautés. Le 10 septembre 1790, la chapelle fut vendue avec les six pieds de pourtour, moyennant 200 livres, à Monsieur Sarrazin de Maraize, riche industriel, qui avait acquis en 1783 la seigneurie de Saint-Méry. Nommé Maire de Saint-Méry en 1790, Monsieur de Maraize y mourut en 1794.
La chapelle fut démolie durant la Convention.
La famille Sarrazin de Maraize fit reconstruire la chapelle vers 1803 ; l'inauguration en fut faite avec une grande solennité, un s'y rendit en foule des environs. La statue de la vierge, donnée par la famille de Maraize, fut portée triomphalement à partir de Saint-Méry par les jeunes filles de cette paroisse.
En 1859, une première restauration fut faite aux frais de la famille de Forestier.
En 1861, Monsieur de Forestier, petit-fils de Monsieur de Maraize par sa mère, racheta cette propriété pleine de souvenirs.
La chapelle servit de sépulture à la famille. Pour en assurer l'entretien et le service, Monsieur de Forestier en fit legs à la Fabrique de Saint-Méry en 1867. Un décret du 24 juin 1910 l'attribua à la commune de Saint-Méry.
 ”


(*1) “ Voyage de Champeaux à Meaux fait en 1785 ” par l'abbé Henry de Goudemetz, chanoine du châpitre de Champeaux-en-Brie (publié par M. Victor Advielle chez A. Le Blondel, imprimeur-éditeur à Meaux en 1892 ; source BNF)

(*2) “ État des moulins à farine de Seine-et-Marne en l'an X ” (A.N. F20 294) paru dans le bulletin Nº31 du C.G.H.S.M.

(*3) “ Essais historiques, statistiques, chronologiques, littéraires, administratifs, etc., sur le département de Seine et Marne : Canton de Mormant ” (A Melun, chez Michelin, imprimeur de la préfecture, éditeur. 1829 ; réédition Amatteis de 1982)


Suite vers : l'Ancueil en amont de Vaux-le-Vicomte

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