retour Accueil Trois-Moulins au fil du temps

Il est possible qu´à l´origine il y ait eu quelques habitants, dans des huttes, près de l´endroit où ce ruisseau d´eau vive, qui descendait du plateau Briard, rejoignait l´Almont dans un environnement de prairies verdoyantes ou de bois. Il y avait sûrement un chemin le long de la rivière utilisé pour la pêche ou pour relier les groupements d´habitations. On utilisait peut être des pirogues sur l´Almont, comme celles utilisées sur la Seine.
La civilisation s'avançant, les tribus s'installent dans des village. Un village, situé sur une ile de la Seine, prend de l'ampleur et devient une ville : Melodunum, puis Melun. Celle-ci grandissant, le besoin se fait sentir d´installer un moulin pour moudre le grain provenant de la région proche et nourrir la population en pain. Les déplacements, à l'occasion des guerres et des croisades, ont du permettre aux Seigneurs de s'inspirer d'exemples. On recherche un emplacement, proche de la ville, avec les conditions requises pour récupérer une bonne force motrice. Il semble qu´on ait cherché à avoir une grande hauteur de chute avec un petit débit plutôt que de s´installer sur une rivière plus importante (l´Almont) avec une faible hauteur de chute. Sans doute à cause d´un manque de maîtrise de ces problèmes ; à moins que l'Almont n'ai été un marais à cette époque.
Le ruisseau est sûrement un petit torrent dévalant du plateau mais la hauteur est répartie sur une longueur trop grande. Il est imaginable qu´on ai fabriqué un premier moulin sur l´ancien cours avant de chercher à optimiser le site pour récupérer le maximum de puissance.

extrait plan de Rubelles an XIII
Sur ce plan de Rubelles, datant de l'an XIII de la République, le ru du Jard traverse de haut en bas (pointillé) pour arriver aux bâtiments du moulin du Roy. Son ancien cours était dans la partie droite. L'autre partie de Trois-Moulins (vers l'Almont), en bas, n'est pas représentée.
Placer le curseur sur l'image pour voir les évolutions entre ce plan et la carte de 1988

On décide alors de détourner le cours du ru en creusant un canal à flanc de coteau depuis ce qui correspond aujourd´hui au Ponceaux jusqu´à l´emplacement actuel du Moulin du Roy. Le ruisseau passait d´une altitude d´environ 62m à 44m en à peu près 600 à 800m. Avec ce détournement, on concentre la dénivellation entre environ 55m et 42m sur une longueur de 200m. Qui est à l´origine de ces travaux ? Le seigneur local ou le roi ? Une puissance religieuse ? En tout cas, ces travaux ont sans doute nécessité une main d´oeuvre importante.
L'individu “ Jehan de Trois-Moulins ”, qui a laissé son nom dans l'histoire de Melun, nous indique qu'il y avait sûrement un “ fief ” de Trois-Moulins. En effet, à cette époque, les noms de familles n'existaient pas et les propriétaires terriens (nobles ?) prenaient le nom du lieu où ils habitaient.
Les trois moulins ont-ils été construits en même temps ? Il semble que seul le moulin du Roy était un moulin banal. Les autres appartenaient-ils aussi au seigneur ?
Aujourd´hui, de l´ancien cours du ru il ne reste qu´un lieu dit "  la vallée de Trois-Moulins ". L´ancien cours du ruisseau n´a pas été conservé. Si l´eau cherchait à retourner dans son lit d'origine, elle inonderait un certain nombre de maisons construites depuis peu dans cet endroit.
Les bâtiments ont sûrement été reconstruit plusieurs fois au long de leurs 1000 ans d'existence : à cause des guerres, des pillages et des incendies accidentels (un moulin avec sa poussière de farine est une véritable poudrière).
A partir de la construction des moulins, un réseau de chemins, nécessaires au transport du grain ou de la farine, s´est mis en place. Ces chemins ne servent pas qu´aux meuniers, ils servent pour l´économie locale.
Trois-Moulins comporte 2 parties : " la place (ou carrefour) de(s) Trois-Moulins ", en haut, vers le moulin du Roy et le " bas de Trois-Moulins ", au bord de l´Almont, près du moulin du bas.
Melun, Maincy et Rubelles ont toutes les trois leur " rue de(s) Trois-Moulins " (celle menant à maincy est nommé ancien chemin de Melun à Champeaux sur un plan de rubelles de 1650). A ces 3 voies principales s´ajoutent " le chemin des Mulets " (rebaptisé aujourd´hui " rue des Meuniers "), le " chemin Vert " en provenance de Melun, longeant, en haut, le bord de la vallée de l'Almont, la " sente des Ponceaux " le long du ru (ce chemin étroit permettait aux meuniers de nettoyer le ru de tous déchets ralentissant le cours de l'eau, chacun ayant à sa charge une longueur à nettoyer), le " chemin du Haut des Ponceaux " (avant la construction de la route de Guignes).
A l´entrée de Melun, sur la " rue des Trois-Moulins " se tenait un octroi pour le paiement des taxes sur toutes les marchandises qui entraient dans la ville.
La construction du parc de Vaux-le-Vicomte " a du entraîner la modification d´un certain nombre de chemins pour contourner ce parc (“ rue de Pralin ”).
Plus tard, la construction du château de Trois-Moulins a sans doute aussi modifié un peu le tracé des chemins locaux, comme le montre le coude formé par la " rue de Trois-Moulins " provenant de Maincy. Pourquoi avoir construit ce château si près de cet endroit qui devait être assez bruyant ?
Autour de ces moulins, et plus tard de ce château, a du se développer une économie locale : artisans, buvette,… qui a conduit à transformer cet endroit. Ce sont les moulins qui sont sûrement à l'origine de cette convergence de routes faisant de ce lieu un carrefour, lui-même à l'origine de ce groupement de maisons formant le village. Il y avait aussi quelques vignes sur le côteau de la vallée donc sûrement aussi des vignerons.
La route actuelle, en provenance de Melun, est récente ; une seule certitude, cette rue existait déjà en 1850 (d´après des actes de propriété). Elle a sûrement été construite pour éviter le passage étroit, en côte, reliant les 3 moulins. La route, dite de " Guignes " (actuelle " rue du Général De Gaule "), date peut être aussi de la même époque (elle n'éxistait pas sur le plan de Rubelles en l'an XIII de la République). Le tramway de Melun à Verneuil utilisera ces 2 routes à partir de 1900.

© Charlotte B.Au début du XXe siècle, la vie du village est rurale comme le montre la photo ci-contre. Le moulin du Roy, arrêté, a été transformé en laiterie par les Mollereau ; Henry de Monfreid nous en parle comme d´une ferme.
Cette photo, datant de 1910, représente la famille Boutet vivant en premier à l'angle de la route venant de Maincy et de la route de Guignes, puis dans une maison près du pont de Trois-Moulins, à l'entrée du Moulin du Roy. La petite fille, Charlotte (que j'ai connu sous le nom de Brochet jusqu'à son décès en 1996), se rappelait très bien d´Henry de Monfreid. Elle a sûrement joué avec ses enfants Marcel et Lucien. L´étable était peut être située derrière (transformé plus tard par la famille Jonot pour installer une famille d´ouvriers), à moins qu'elle n'ai été sur la droite (petit bâtiment aujourd'hui transformé en garage) . Le grand mur de gauche est un des côté de l'ancienne grange du moulin. Ces 3 bâtiments ont étés récemment transformé en une habitation moderne. Les vaches que l´ont voit sur la photo sont peut être les mêmes que celle de la mise en scène publicitaire d´Henry de Monfreid. Elles passaient leur journée dans les prés du château, vers les bords de l´Almont. Il existe une autre photo, un peu plus récente (1913), qui représente un groupe d´enfant (dont René Jonot et Charlotte Boutet) près du lavoir, au pied du pont sur le ru avec 1 vache. Cette photo est un peu trop foncée pour être correctement reproduite ici.
Dans les années 60, une rocade contournant Melun (la “ Pénétrante ”) isole un peu plus le village de la ville. C'est à la même époque que l'on assiste à la fin de cette vie rurale et à la transformation de ce lieu eu un endroit résidentiel, proche de la ville. C'est principalement sur la partie située sur la commune de Rubelles que les constructions nouvelles poussent comme des champignons.
Les berges du ru ne sont plus entretenues par les meuniers, l'eau s'infiltre dans les berges et rejoint les fossés, vers la salle des fêtes, noyant certaines zones et déracinant des arbres. En 1979, le syndicat intercommunal décide le réaménagement du lit du ru supérieur (en amont du moulin du Roy). Le lit est creusé d'une vingtaine de centimètres, la hauteur de chute abaissée d'autant ; les berges renforcées par endroit. La partie inférieure est canalisée dans des buses de ciment (entre la place et le moulin du bas), rendant invisible cette partie du ruisseau.

Suite vers : Evolution du bâti par M. Louvet

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